Théâtre : A cheval sur le dos…


Après le sublime « Enfant sauvage », Céline Delbecq poursuit son incursion auprès des êtres broyés par un système censé les protéger.

« Le soir, elle boit un petit verre de rouge pour dormir tranquille. Elle a un peu peur du noir, faut dire. C’est de la piquette hein, mais elle aime bien quand même. C’est vrai que l’alcool, ça fait de la misère. Elle ne cesse de le répéter. Elle ne se souvient plus comment elle a eu ce fils, Logan. Mais ce fils lui change la vie… Avec lui, elle a « reçu le monde en entier », comme elle dit ».

À travers une parole intime, ce monologue traverse l’histoire d’une femme issue d’un milieu précaire et qui a été reléguée, dès l’enfance, vers une filière handicapée. C’est ce processus de relégation, fruit d’un système économique et social discriminatoire, qui a  intéressée l’autrice et lui a donné le désir de s’enfoncer dans ce texte. D’un côté, il y a un système qui protège mais aussi qui décide et impose ses normes (test QI, mises sous tutelle, etc) et de l’autre, des êtres qui sont écartés de leur propre histoire, en raison de ces normes aux limites toujours discutables. Carine Bielen est un personnage fictif, elle n’existe pas. Mais il existe des milliers de Carine Bielen sur cette terre, pris dans les filets du contrôle social et de ses aveuglements normatifs. Céline leur donne la parole avec la précision du scalpel sans le tranchant ! Spectacle d’utilité public !